20.11.23
09:06

Le chef du Pentagone en Ukraine pour rassurer sur le soutien américain

Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, est arrivé lundi à Kiev pour une visite surprise destinée à rassurer l'Ukraine sur la pérennité du soutien américain face à l'invasion russe. 

Les Etats-Unis ont apporté une aide se comptant en dizaines de milliards de dollars depuis le début de cette guerre en février 2022, et se sont engagés à plusieurs reprises à soutenir Kiev aussi longtemps que nécessaire, mais cette promesse est minée par l'opposition croissante de certains élus républicains. 

M. Austin est à Kiev "pour rencontrer les dirigeants ukrainiens et renforcer le soutien indéfectible des Etats-Unis à la lutte de l'Ukraine pour la liberté", a indiqué le Pentagone dans un communiqué au sujet de cette visite, qui n'avait pas été annoncée pour des raisons de sécurité.

Selon la même source, le responsable insistera sur "l'engagement continu des Etats-Unis à fournir à l'Ukraine l'assistance sécuritaire dont elle a besoin pour se défendre contre l'agression russe". 

Le voyage à Kiev - en train depuis la Pologne - est le deuxième du chef du Pentagone depuis que la Russie a lancé son invasion à grande échelle. 

Washington est de loin le principal fournisseur d'aide militaire à Kiev, et une réduction de l'aide américaine porterait un coup dur à l'Ukraine et ses efforts pour libérer le Sud et l'Est occupés du pays. 

Alors que dans le camp républicain des voix s'élèvent contre les milliards d'aide à l'Ukraine débloqués par l'administration démocrate de Joe Biden, M. Austin et le secrétaire d'Etat Antony Blinken ont exhorté, lors d'une audition en octobre, les législateurs à maintenir leur soutien à Kiev, le chef de la défense américaine déclarant que "sans notre soutien, (le président russe Vladimir) Poutine réussira".

L'aide est d'autant plus cruciale pour l'Ukraine que sa contre-offensive estivale pour libérer les territoires occupés a largement échoué. 

La Russie est, elle, repassée à l'offensive dans l'Est en octobre, et Kiev affirme que Moscou compte également reprendre sa campagne de bombardements hivernale pour plonger des millions d'Ukrainiens dans le froid et le noir.

"Conviction" 

Pour l'Ukraine, qui n'a pas une industrie de l'armement auto-suffisante, l'aide occidentale, américaine en particulier, est cruciale, la Russie ayant tourné son budget et son économie vers l'effort de guerre.

Mais certains législateurs républicains s'opposent à la poursuite de l'aide, et le martèlent, de quoi nourrir le doute quant à l'ampleur et la pérennité du soutien américain dans les mois à venir. Ainsi, une nouvelle rallonge à l'Ukraine a été exclue d'un accord budgétaire adopté par le Congrès la semaine dernière.

Malgré cela, un haut responsable de la défense américaine a insisté auprès de journalistes sur sa "conviction" que "le Congrès fournira ce soutien" au final.

La porte-parole adjointe du Pentagone, Sabrina Singh, a néanmoins dit au début du mois que les programmes d'aide "ont été réduits parce que nous avons dû doser notre soutien à l'Ukraine".

Outre l'opposition politique interne aux Etats-Unis à la poursuite de l'aide, le conflit entre Israël et le Hamas vient détourner l'attention de l'Ukraine.

Recevant un groupe de médias, dont l'AFP, jeudi, Volodymyr Zelensky a admis que les combats dans la bande de Gaza ont eu pour conséquence un ralentissement des livraisons d'obus d'artillerie, cruciales pour son armée.

"Au Moyen-Orient, que pensez-vous qu'ils aient commencé à acheter en premier ? Les (obus de) calibre 155. Nos approvisionnements ont diminué", a dit le président ukrainien.

Pour autant, les Etats-Unis affirment être en mesure de fournir une assistance aux Ukrainiens et aux Israéliens.

"La question ne se pose pas de savoir s'il existe une concurrence ou un compromis à faire s'agissant du soutien des Etats-Unis" à l'Ukraine et à Israël, a affirmé un haut responsable de la défense américaine.

"Il y a des chevauchements, mais lorsqu'il y a chevauchement pour certaines munitions (...) on ne réduit pas les fournitures de moyens à l'Ukraine", a ajouté le responsable.

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