15.11.23
12:58

La Russie admet que l'Ukraine a des positions sur la rive occupée du Dniepr

L'Ukraine a réussi à établir des positions sur la rive sous contrôle russe du Dniepr, dans le sud du pays, selon la Russie, qui a admis mercredi pour la première fois la présence des forces ukrainiennes dans cette zone.

Si l'armée ukrainienne parvenait à percer les lignes russes dans ce secteur, il s'agirait d'un succès important, alors que sa vaste contre-offensive ailleurs dans le pays depuis juin n'a pas eu les résultats escomptés. 

"Environ une compagnie et demie, répartie en petits groupes, se trouve sur un tronçon allant du pont ferroviaire jusque (au village de) Krynky", a dit sur Telegram Vladimir Saldo, le dirigeant de la partie occupée de la région ukrainienne de Kherson.

Il est le premier responsable russe à admettre que les forces ukrainiennes ont réussi à traverser le Dniepr dans cette zone et à y ancrer des postions.

Une compagnie, selon le glossaire militaire de l'agence de presse russe Tass, peut être constituée de plusieurs dizaines ou centaines de soldats.  

M. Saldo a cherché cependant à minimiser l'importance de cette avancée, affirmant que des renforts russes avaient été déployés et que les forces ukrainiennes subissaient un pilonnage en règle.

"Maintenant, des forces supplémentaires (russes) ont été déployées. L'adversaire est bloqué à Krynky, dans un enfer de feu: des bombes, des roquettes, des munitions de systèmes thermobariques, de l'artillerie, des drones lui tombent dessus", a-t-il indiqué sur Telegram.

Le responsable a affirmé aussi que les Ukrainiens subissaient des pertes importantes, sans évoquer celles des Russes. 

Selon lui, ses adversaires n'ont "aucune chance", estimant que leur plan s'était brisé sur le "courage du soldat russe".

Selon des blogueurs militaires russes et ukrainiens et des experts ayant analysé des renseignements accessibles en ligne, l'armée ukrainienne a réussi à ancrer plusieurs positions depuis fin octobre sur la rive occupée du Dniepr, en particulier dans le village de Krynky, dans la région méridionale de Kherson.

Selon eux, Kiev est parvenu à déployer ces hommes petit à petit en utilisant des vedettes fluviales.

Pour pouvoir espérer pénétrer en profondeur cette région occupée par la Russie, l'armée ukrainienne devra élargir la zone sous son contrôle et déployer des équipements plus lourds. 

Cette zone sablonneuse et marécageuse reste relativement difficile d'accès. 

 

Front figé 

Si l'Ukraine parvenait à consolider ses positions, elle pourrait espérer une percée, le Dniepr constituant le front dans le sud de l'Ukraine depuis la retraite russe de la ville de Kherson en novembre 2022.

Kiev entretient le secret sur ses opérations, le chef de l'administration présidentielle ukrainienne, Andriï Iermak, s'étant borné à simplement dire mardi que les forces ukrainiennes avait "pris pied sur la rive gauche du Dniepr".

Les forces ukrainiennes ont lancé en juin une vaste contre-offensive dans le sud et l'est pour tenter de reconquérir les territoires occupés par la Russie, mais jusqu'ici elle a échoué. 

Même le chef de l'armée ukrainienne, Valery Zaloujny, dans une interview d'une rare franchise à The Economist, avait admis début novembre que les deux armées étaient "dans une impasse", avec un front figé.

Il est pourtant essentiel de gagner du terrain pour Kiev, qui veut éviter l'effet de lassitude chez ses alliés occidentaux vis-à-vis d'un conflit qui dure depuis près de deux ans, au moment où les yeux de la communauté internationale sont tournés vers Israël et la bande de Gaza.

L'Ukraine est extrêmement dépendante des armes et munitions qu'Américains et Européens lui livrent, et dans de nombreux pays les voix se multiplient pour réclamer de réduire le soutien économique et militaire des Occidentaux à Kiev.

Le Kremlin revendique, de son côté, avoir réorienté l'économie sur la production d'armes et munitions et recruté quelque 400.000 militaires supplémentaires depuis le début de l'année.

"Le nombre de troupes russes en Ukraine est trois fois plus élevé qu'au début de l'agression, et notre pays a donc besoin de préserver le soutien international", a exhorté mardi sur Telegram Andriï Iermak.

Les forces russes sont déjà passées aussi à l'offensive dans plusieurs zones du front, mais leurs principaux efforts visent actuellement, malgré d'importantes pertes, à encercler et conquérir Avdiïvka, ville industrielle de l'Est.

 

AFP

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