14.11.23
09:26

Pollution aux PFAS : la ministre Tellier s'explique en Commission de l’Environnement du Parlement wallon

Tous les regards sont tournés vers Céline Tellier (Ecolo) depuis qu’il a été révélé que plusieurs communes du Hainaut ont été contaminées aux “polluants éternels” (PFAS) sans que leurs habitants n’en aient été informés. Il s’est avéré que la Société wallonne des eaux (SWDE) et sa ministre de tutelle, Mme Tellier, étaient au courant de la contamination.

Suivez les explications de la ministre Tellier en Commission de l’Environnement du Parlement wallon dans le direct ci-dessous.

François Desquesnes (Les Engagés) a été le premier à prendre la parole. "Les informations données par la RTBF diffèrent énormément de celles que nous avons eues de la part de la ministre", a rappelé le député wallon. Il a tenu à savoir pourquoi la ministre n'avait pas appliqué les dispositifs légaux. "Une alerte a été donnée à deux reprises à votre attention de la part de Zuhal Demir. (...) Comme ministre de l'eau, des sols et de l'environnement, que faites-vous face à cette pollution importante signalée en Wallonie ?", a interrogé M. Desquesnes.

"Vous dites avoir informé les communes, mais elles disent que ce n'est pas le cas. Quelqu'un ne dit pas la vérité", a poursuivi Jean-Luc Crucke (Les Engagés). Ce dernier a regretté que rien n'ait été communiqué par écrit au Parlement wallon. "On sait aujourd'hui que vous étiez en possession d'un document qui ne parle pas de suspicion, mais bien de pollution. N'est-ce pas cela que vous auriez dû transmettre ? (...) N'y a-t-il pas eu une faute dans la gestion de ce dossier ?"

Ecolo a affirmé partager "la colère des habitants concernés", mais a appelé à ne pas tomber dans la "surenchère politique". "Sur le terrain, les citoyens concernés se demandent quand les analyses des sols seraient disponibles", a rapporté le député écologiste Christophe Clersy, demandant quel était le plan d'action prévu.

Céline Tellier répond

"Je voudrais avant toute chose dire que je n'ai pas cessé un instant de penser aux personnes qui se sentent aujourd'hui inquiètes ou en perte de confiance suite à l'eau qu'elles ont consommée", a débuté la ministre wallonne. "Je comprends qu'elles auraient préféré recevoir davantage d'informations. Je le dis d'emblée: si j'avais été alertée d'un risque avéré pour la santé des personnes, j'aurais exigé que des solutions alternatives soient trouvées en attendant que le problème soit résolu."

Mme Tellier a ensuite estimé qu'être en charge de matières environnementales impliquait la "découverte chaque jour de nouvelles études scientifiques sur les polluants nombreux qui s'immiscent dans tout ce que nous mangeons, buvons, portons". 'Pour certains polluants, les connaissances scientifiques s'accroissent depuis quelques années seulement. Nous sommes dans une période délicate, que j'appellerais une zone gris, qui est le moment le plus délicat pour les autorités publiques. Durant cette zone grise, il faut tout faire pour équiper les pouvoir publics des leviers d'actions nécessaires. (...) Les PFAS sont une famille de substances particulièrement vicieuses. Elles sont partout. Les PFAS qui font l'actualité en ce moment ne sont que l'arbre qui cache la forêt. Je n'ai aucun doute sur le fait que nous allons encore en découvrir chez nous ou ailleurs. Aucun coin n'est épargné. C'est une conséquence de choix économiques et sociétaux, mais ce n'est pas une fatalité."

La ministre a ensuite rappelé quelques principes de base concernant les PFAS. "Je ne vois qu'une solution si nous voulons réduire la présence des PFAS: nous devons réduire leur production à la source."

Mme Tellier a souligné que les PFAS se transmettaient à l'homme via de nombreux produits, les poissons et fruits de mer représentant l'essentiel de la transmission alimentaire.

Elle a ensuite présenté les actions du gouvernement wallon en matière de PFAS. "Comme vous le constatez avec ce rappel, nous ne sommes pas restés globalement les bras croisés dans la lutte contre les PFAS", a estimé la ministre.

ligne du temps pfas

Concernant le rapport de la base américaine alertant sur la présence des PFAS dans l'eau, Mme Tellier a rappelé que des analyses avaient été demandées par son cabinet à l'administration en demandant de voir ce qu'il en était. "Les résultats étaient rassurants", a affirmé la ministre.

Le 10 janvier 2022, un mail est envoyé par le SPW au cabinet de la ministre. Cette dernière l'a présenté au Parlement, en insistant sur le caractère brut de l'information et le fait qu'aucune alerte n'était lancée. "Ce mail est traité par mon conseiller. Il ne remonte nullement au sein de mon cabinet, à aucun niveau qu'il ne soit. Aucun courrier d'alerte ne m'est adressé par l'administration ou la SWDE.(...) A aucun moment, je n'ai reçu d'alerte de menace imminente pour la santé."

Revenant sur le fait qu'elle a démis son collaborateur de ses fonctions, la ministre a expliqué qu'il n'avait certes pas été alerté par la SPW, mais qu'il devait aller "plus loin" que l'approche légaliste. "Il faut être doté d'une vigilance politique. Après cet épisode, je n'avais plus assez confiance en ses capacités de vigilance politique", a-t-elle précisé.

M.R. (La Libre)

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