25.09.23
12:43

Guerre en Ukraine : l'ONU s'inquiète d'une possible incitation au génocide dans les médias russes

Un groupe d'enquêteurs de l'ONU a mis en garde lundi contre certains discours véhiculés par les médias russes qui pourraient constituer une "incitation au génocide" en Ukraine.

S'adressant au Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève, le président de la Commission d'enquête sur l'Ukraine, Erik Mose, s'est dit préoccupé "par les allégations de génocide en Ukraine", avertissant que "certains propos transmis par les médias russes et d'autres médias peuvent constituer une incitation au génocide".

"La Commission poursuit ses investigations sur ces questions", a déclaré M. Mose.

Il a indiqué que la commission enquête également sur la cause de la rupture du barrage hydro-électrique de Kakhovka, situé dans une zone sous contrôle russe dans la région de Kherson (sud de l'Ukraine) le 6 juin, et sur son impact sur la population. 

Des centaines de kilomètres carrés en aval avaient été inondés, faisant des dizaines de morts et forçant à l'évacuation de milliers d'habitants. Moscou et Kiev se rejettent la responsabilité de cette destruction.

La Commission d'enquête sur l'Ukraine a été créée par le Conseil des droits de l'homme en mars 2022 pour examiner les violations présumées des droits humains et du droit international humanitaire suite depuis l'invasion russe.

En mars dernier, cette commission d'enquête avait déjà affirmé que le transfert par la Russie d'enfants dans les zones sous son contrôle en Ukraine ainsi que sur son propre territoire constitue un "crime de guerre", et indiqué qu'elle enquêtait pour déterminer s'il s'agit d'un génocide.

A cet égard, le groupe d'enquêteurs a indiqué lundi qu'il regrette le manque de clarté et de transparence sur l'étendue, les circonstances et les catégories d'enfants qui ont été transférés.

 Crimes contre l'humanité ?

Dans un précédent rapport, la Commission avait accusé Moscou d'avoir commis un "nombre considérable" de crimes de guerre, notamment dans les premières semaines suivant l'invasion russe.

Et les enquêteurs continuent d'être extrêmement préoccupés, relevant "les preuves persistantes de crimes de guerre commis par les forces armées russes en Ukraine".

La commission, qui s'est rendue plus de dix fois en Ukraine, mène actuellement des enquêtes plus approfondies notamment sur les attaques illégales à l'aide d'armes explosives, les attaques contre les civils, la torture, les violences sexuelles, ainsi que les attaques contre les infrastructures énergétiques. 

"Cela pourrait également permettre de déterminer si la torture et les attaques contre les infrastructures énergétiques constituent des crimes contre l'humanité", a expliqué M. Mose.

La commission mène également des enquêtes plus poussées sur les violations des droits humains "ayant subi une occupation russe prolongée, à savoir Kherson et Zaporijjia". Elle y a recueilli de nouvelles preuves montrant que l'utilisation de la torture par les forces armées russes dans les zones qu'elles contrôlent "était généralisée et systématique", et visaient principalement les personnes accusées d'être des informateurs de Kiev.

"Dans certains cas, la torture a été infligée avec une telle brutalité qu'elle a entraîné la mort de la victime", a indiqué M. Mose.

Dans la région de Kherson, les soldats russes ont violé et commis des violences sexuelles sur des femmes âgées de 19 à 83 ans, tandis que le reste de la famille se trouvait dans une pièce voisine, selon la commission.

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