18.03.23
12:43

La Serbie et le Kosovo discutent de normalisation sous l'égide de l'UE

Les dirigeants du Kosovo et de la Serbie se retrouvent samedi en Macédoine du Nord pour de nouvelles discussions difficiles sur la normalisation de leurs relations sous l'égide de l'Union européenne (UE), qui a multiplié ces derniers temps les pressions sur les anciens ennemis.

Cette réunion sur les rives du lac Ohrid, dans le sud-ouest du petit pays des Balkans, se tient après l'échec le mois dernier de pourparlers à Bruxelles, où un plan de paix européen a été dévoilé.

Une nouvelle fois, le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell tente de convaincre le Premier ministre kosovar Albin Kurti et le président serbe Aleksandar Vucic de rapprocher leurs positions, plus de deux décennies après une guerre meurtrière entre rebelles indépendantistes kosovars et forces serbes. 

Les deux camps rencontrent chacun Josep Borrell et l'émissaire européen Miroslav Lajcak avant une réunion trilatérale prévue dans l'après-midi.

"Je suis optimiste, attentif, je ferai de mon mieux pour la République du Kosovo", a déclaré Albin Kurti à son arrivée à Ohrid.

Le chef de la diplomatie européenne a souligné dans un tweet que la réunion serait focalisée sur la mise en application de la proposition européenne.

Ce document en 11 articles stipule que les deux parties reconnaîtront "mutuellement leurs documents et symboles nationaux respectifs" et qu'elles ne feront pas usage de la violence pour résoudre leurs différends. 

Le texte prévoit aussi que "la Serbie ne s'opposera pas à l'adhésion du Kosovo à une organisation internationale". Il propose également d'accorder "un niveau approprié d'autogestion" pour la minorité serbe du Kosovo.

- Tensions permanentes -

La Serbie refuse de reconnaître l'indépendance proclamée en 2008 par son ancienne province, dont la population de 1,8 million d'habitants, très majoritairement d'origine albanaise, compte une communauté serbe d'environ 120.000 personnes. 

Depuis la guerre, qui prit fin en 1999 avec des bombardements de l'Otan, les relations entre Pristina et Belgrade vont de crise en crise.

Après les discussions de Bruxelles, Aleksandar Vucic a juré de ne jamais reconnaître le Kosovo, ajoutant n'avoir aucune intention d'aider Pristina à entrer aux Nations unies. 

Le président serbe a encore prévenu à quelques jours de la réunion d'Ohrid qu'il "n'avait pas l'intention de signer quoi que ce soit". La rencontre ne "sera ni historique ni révolutionnaire", a-t-il lancé.

Le Premier ministre kosovar s'est dit ouvert à un accord, ajoutant cependant que la responsabilité d'une signature incombait à la partie serbe.

"Que nous réussissions ou non, vous savez très bien que cela ne dépend pas que de moi", a-t-il déclaré il y a quelques jours à la presse.

Les analystes soulignent qu'une éventuelle signature ne serait pas forcément synonyme de succès immédiat. 

"Je m'attends à ce que les deux parties acceptent le projet", déclare Dusan Milenkovic, du Centre pour le dialogue social et l'initiative régionale à Belgrade. "Je ne peux pas dire que ce sera du lourd, car le lourd ne se produira que lorsque le projet aura été mis en application", a-t-il ajouté.

Lettre morte

La plupart des accords précédents conclus sous l'égide de Bruxelles sont restés lettre morte.

Albin Kurti espère qu'un pacte permettra au Kosovo d'entrer à l'ONU et dans les institutions internationales, une demande cruciale pour Pristina.

M. Vucic a lui reconnu que son gouvernement faisait l'objet d'intenses pressions internationales pour signer, tout en assurant à son opinion publique qu'il ne céderait rien. 

La question du Kosovo reste obsessionnelle pour une partie des 6,7 millions de Serbes, qui considèrent le territoire comme leur berceau national et religieux, là où des batailles cruciales ont été livrées au cours des siècles. 

A Belgrade, des milliers de personnes ont manifesté vendredi à l'appel de partis nationalistes pour refuser un accord qui reviendrait selon elles à une "capitulation".

Au Kosovo, beaucoup de membres de la minorité serbe refusent toute loyauté à Pristina, avec les encouragements de Belgrade. Surtout dans le nord du territoire, près de la frontière avec la Serbie, théâtre de heurts fréquents, de manifestations et parfois de violences.

 

AFP

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