13.03.23
15:33

Début à Moscou du procès pour trahison de l'opposant russe Kara-Mourza

Un tribunal de Moscou a commencé à juger lundi à huis clos l'opposant russe Vladimir Kara-Mourza, qui risque jusqu'à vingt ans de prison pour trahison, dernier exemple en date de la répression des détracteurs du Kremlin.

Les autorités russes ont multiplié les poursuites contre les critiques de Vladimir Poutine depuis le lancement de son offensive contre l'Ukraine, et le cas de M. Kara-Mourza, 41 ans, est l'un des plus emblématiques.

Il est accusé de trahison pour avoir critiqué les autorités russes dans des interventions publiques à l'étranger, a indiqué son avocat à l'agence de presse d'Etat russe Tass.

"En vrai patriote de la Russie, il est accusé de haute trahison pour son infatigable combat pour une Russie sans Poutine", a écrit son épouse, Evguénia, sur Twitter. 

"Je suis toujours à un battement de coeur de distance de toi mon amour, et je continuerai de me battre pour et avec toi aussi longtemps qu'il le faut", a-t-elle ajouté.

L'opposant, qui est en détention provisoire depuis avril 2022, fait en outre l'objet de poursuites criminelles séparées, passibles également de lourdes peines de prison pour avoir, selon l'accusation, diffusé de "fausses informations" sur l'armée russe et participé aux activités d'organisations jugées "indésirables".

M. Kara-Mourza est un opposant de longue date à Vladimir Poutine. Il a failli mourir après avoir été, selon lui, empoisonné à deux reprises, en 2015 et 2017, des tentatives d'assassinat qu'il attribue au régime russe. 

 

- Triple accusation -

 

L'affaire le visant pour diffusion de "fausses informations" sur l'armée a été ouverte après son intervention en mars 2022 devant des députés américains de l'Arizona, lors de laquelle il avait critiqué l'offensive russe en Ukraine. 

Puis, en août 2022, il a été accusé de travailler avec une "organisation indésirable", délit passible de prison aussi, pour avoir organisé une conférence de soutien aux prisonniers politiques en Russie. 

Enfin, en octobre, les autorités ont ouvert contre lui une troisième affaire pour "trahison", le plus grave des chefs d'inculpation.

M. Kara-Mourza est en outre classé "agent de l'étranger", un statut qui rappelle celui des "ennemis du peuple" utilisé à l'époque soviétique pour dénoncer et isoler les dissidents.

Russe de naissance, M. Kara-Mourza a également la citoyenneté britannique, ayant déménagé au Royaume-Uni avec sa mère à l'âge de 15 ans.

Adulte, il s'est rapproché de l'opposition russe, en particulier de Boris Nemtsov, qui a été assassiné par balles à deux pas du Kremlin en 2015, et de Mikhaïl Khodorkovski, richissime homme d'affaires qui a passé une décennie en prison pour son opposition à Vladimir Poutine.

M. Kara-Mourza assure que son activisme lui a valu deux empoisonnements, l'un en 2015 l'autre en 2017, soit cinq et trois ans avant que la principale figure de l'opposition russe, Alexeï Navalny, soit lui aussi victime d'une telle tentative d'assassinat.

Dans un entretien accordé à l'AFP en 2021, il avait assuré ne pas avoir l'intention de quitter de façon permanente la Russie, malgré le risque. 

"Nous sommes des politiciens russes, notre place est en Russie", disait-il alors. "Le plus grand cadeau de ceux qui sont opposés à Vladimir Poutine puissent lui faire, c'est d'abandonner et de fuir."

La plupart de détracteurs du maître du Kremlin sont aujourd'hui soit en prison soit en exil.

Alexeï Navalny purge une peine de neuf ans de prison pour fraude, une affaire largement vue comme étant politique. Il avait été arrêté en janvier 2021 à son  retour en Russie, après une longue convalescence en Allemagne à la suite d'un empoisonnement dont il accuse le Kremlin. 

Une autre figure de l’opposition, Ilia Iachine, purge une peine de huit ans et demi de colonie pénitentiaire après avoir été condamné en décembre pour ses critiques de l'offensive russe contre l'Ukraine. 

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