Conseil national de sécurité: voici ce qui a été décidé pour mieux lutter contre le trafic de drogue
Réuni aujourd'hui sous la présidence du Premier ministre Alexander De Croo, le Conseil national de sécurité a discuté de la stratégie globale du gouvernement fédéral pour lutter contre le crime organisé.
Un commissaire national « drogues » va coordonner la lutte contre la mafia. Le port d'Anvers recevra quant à lui des renforts policiers.
Le Premier ministre et les ministres de l'Intérieur, de la Justice, de la Santé publique et des Finances ont détaillé, lors d'un Conseil national de sécurité, l'ensemble des nouvelles mesures que prendra le gouvernement fédéral pour intensifier ses efforts sur le terrain.
Le plan d'action s'articule autour de sept piliers :
Un commissaire national aux drogues
Le gouvernement fédéral désignera un Commissaire national aux drogues qui coordonnera la lutte contre la criminalité liée à la drogue. Cette décision est prise en concertation avec le Collège des procureurs généraux. Le Commissaire national aux drogues se concertera avec les ministres de la Justice, de l'Intérieur, de la Santé publique et des Finances travaillera en étroite collaboration avec l'ensemble des instances fédérales, régionales et locales, et rapportera directement au Conseil national de sécurité. Ce nouveau commissaire est nommé pour une période de cinq ans.
Un corps de police chargé de la sécurité portuaire
Un nouveau corps de police chargé de la sécurité portuaire sera déployé en vue de sécuriser le port d'Anvers. À très court terme, une centaine de policiers supplémentaires seront envoyés sur le terrain grâce au soutien de la réserve de la police fédérale. L'objectif est de doubler ces renforts d'ici la fin
2024. Les missions du corps de police chargé de la sécurité portuaire seront la surveillance des rives gauche et droite du port ainsi que l'organisation de patrouilles au sein de son enceinte. Cette approche répond à la volonté du gouvernement fédéral d'attaquer le problème de la drogue à la racine. Près de 1.10 tonnes de cocaïne ont été saisies l'an dernier au port d'Anvers.
Un renforcement du pouvoir des autorités locales
En septembre 2022, lors d'une rencontre avec les bourgmestres des quatorze villes centrales du pays, le gouvernement fédéral a annoncé l'adoption en première lecture de l'avant-projet de loi sur l'approche administrative. Ce dispositif doit permettre aux pouvoirs locaux de fermer les commerces liés au blanchiment de l'argent de la drogue. Entretemps, cet avant-projet de loi a été approuvé en deuxième lecture et le texte sera très prochainement soumis au vote du Parlement.
Des amendes plus lourdes pour les consommateurs de cocaïne
L'aspect consommateur requiert également davantage d'attention. Le principe de base reste que les toxicomanes doivent en premier lieu être orientés vers un service d'aide afin qu'ils puissent se débarrasser de leur dépendance. Mais les consommateurs de cocaïne doivent également prendreconscience qu'ils entretiennent le modèle de revenus d'une mafia de la drogue particulièrement violente. Par conséquent, le principe déià existant de transaction immédiate pour la possession de drogues ne sera plus appliqué exclusivement aux festivals de musique, mais sera généralisé à l'ensemble de l'espace public. Pour la détention de cannabis, l'amende forfaitaire restera de 75 € pour une quantité inférieure ou égale à 10 grammes et de 150 € pour une quantité inférieure ou égale à 20 grammes. Les amendes pour les personnes prises en possession de cocaïne pourront désormais atteindre 1000 euros. Ces changements sont en cours de préparation par le ministère public.
Une douane encore plus forte
Nos services douaniers se rendent également indispensables dans la lutte contre la criminalité internationale liée à la drogue en brisant la chaîne d'importation via nos ports maritimes et nos aéroports. 108 nouveaux douaniers sont en phase de recrutement dans le port d'Anvers. Le gouvernement fédéral est aussi occupé à l'achat d'équipements de scanning modernes et mobiles pour garantir la poursuite du déploiement du projet « 100% scanning » des containers à risques dans le port d'Anvers. Ces investissements viennent s'ajouter aux efforts déjà réalisés au cours des deux dernières années. Des efforts qui se sont traduits par de nouvelles saisies record année après année.
Au-delà du renforcement des effectifs, le but est de continuer à développer les collaborations avec les partenaires européens, les pays qui sont à la source et les opérateurs portuaires.
Un screening affiné du personnel portuaire
Le screening du personnel portuaire est structuré. Il concerne quelque 16.000 personnes occupant des fonctions sensibles au sein du port, qui seront contrôlées par les services de sécurité et de renseignement afin de détecter tout lien avec le crime organisé. Ce processus a commencé ces dernières semaines. Les différentes entreprises portuaires ont désigné des officiers de sécurité qui agiront en tant que personne de contact. Ceux-ci font actuellement l'objet d'un screening approfondi de la part de la Sûreté d'État. Une fois eux-mêmes screenés, ils pourront transmettre les coordonnées du personnel qui doit faire l'objet d'un screening au sein de leur entreprise.
Une coopération policière internationale
Le protocole de coopération policière signé il y a tout juste un an entre la Belgique et les Émirats arabes unis porte aujourd'hui ses fruits, avec le démantèlement en novembre dernier par Interpol d'un super-cartel de la drogue qui contrôlait environ un tiers du trafic de cocaïne en Europe et opérait entre la Belgique, Dubaï mais aussi la France, l'Espagne et les Pays-Bas. Les informations récoltées via le réseau Sky ECC ont également contribué à ce démantèlement.