Turquie: Erdogan confirme la date du 14 mai pour la présidentielle
"Notre nation adressera sa réponse à la Table des Six (plateforme de l'opposition, ndlr) le même jour qu'il y a 73 ans", avait-il lancé devant les élus de son parti au parlement, l'AKP, Parti de la Justice et du Développement qui domine l vie politique turque depuis 2002.
L'opposition, qui entend présenter un front uni des six principaux partis - moins le HDP (gauche démocratique pro-kurde), troisième force au Parlement - et surtout un candidat unique, doit annoncer le nom de celui-ci dans le courant du mois de février.
Deux décennies au sommet
La campagne électorale débutera donc 60 jours avant, soit le "10 mars", a également indiqué le président.
Le 14 mai 1950 marque la victoire d'Adnan Menderes, figure emblématique pour la droite conservatrice turque, qui a mis fin au règne du parti de Mustafa Kemal "Atatürk", père de la Turquie moderne.
Menderes, fondateur en 1946 du Parti démocrate, avait été renversé par un coup d'Etat militaire en 1960 puis exécuté un an après et son parti a été dissous.
Le choix du 14 mai envoie ainsi un signal clair à la frange conservatrice de l'électorat.
De haute stature - il domine fréquemment ses interlocuteurs - Recep Tayyiup Erdogan, ancien joueur de football qui rêvait d'une carrière pro, règne sur la Turquie depuis deux décennies, pratiquement sans partage même s'il réfute le terme de "dictateur" dont l'a affublé cette semaine l'hebdomadaire britannique The Economist.
Elu maire d'Istanbul en 1994, tremplin idéal à une carrière nationale, il avait été condamné en 1998 pour avoir récité un poème aux tonalités islamistes - un épisode qui n'avait que renforcé son aura.
Libéré après quatre mois de détention, M. Erdogan avait fondé peu après l'AKP, devenu l'instrument de son ascencion.
Son accession en 2003 au poste de Premier ministre avait ouvert une décennie de croissance économique et de stabilité politique inédite dans la Turquie moderne.
Mais à partir de 2013, confronté à un mouvement de contestation sans précédent de la jeunesse à travers la Turquie, peu réceptive au modèle islamo-conservateur que promeut l'AKP, M. Erdogan répond par une répression implacable.
La dérive autoritaire de son pouvoir amorcée cette année-là s'accentue après la première défaite électorale de l'AKP aux législatives de 2015, puis avec la tentative de coup d'Etat de juillet 2016.
L'inoxydable "Reis" qui a vu sa popularité chuter ces dernières années va néanmoins tenter de convaincre une fois encore ses concitoyens qu'il est l'homme incontournable.