L'impact du conflit russo-ukrainien sur l'économie belge
Le but de cet audit que la Banque Nationale de Belgique vient de boucler est de comprendre précisément quel est l’impact de la guerre en Ukraine sur notre économie.
Impact réduit pour le moment
Cet impact est réduit à ce stade mais une deuxième version de ce bilan sera présentée fin mai. Le rapprochement entre ces deux audits illustre bien le niveau de tension et de volatilité de la situation. Le gouvernement belge a vraisemblablement du mal à y voir clair car la situation est très floue.
D’un côté la consommation des ménages est sévèrement touchée mais de l’autre, notre économie se porte bien…. pour le moment.
Selon certains marqueurs (comme l’emploi) elle se porte même très bien. Cet équilibre artificiel donne le sentiment que nous sommes sur une ligne de crête, que la situation n’est pas durable et qu’elle risque de précipiter.
L'emploi n'a jamais été aussi élevé en Belgique
Un des indicateurs qui pourrait être trompeur par exemple, c’est l’emploi. Il est au beau fixe en Belgique mais à la limite de la surchauffe… Si on ne regarde que cet aspect-là des choses, on a une impression d’économie prospère tournée vers l’avenir, la croissance et l’investissement.
Pour le marché du travail, les effets de la crise sanitaire sont résorbés maintenant et l'on n’observe pas encore de conséquences de la guerre en Ukraine sur l’emploi.
C’est ce qui donne au gouvernement ce sentiment d’être en équilibre sur une crête artificielle à la croisée des chemins. A ce jour, lit-on dans le rapport de la BNB qui se base sur des chiffres du chômage pas encore publiés : l’emploi n’a jamais été aussi élevé dans le pays, le chômage a diminué dans les 3 régions.
Les groupes vulnérables que représentent les jeunes, les 55 ans et plus, les étrangers non européens et les personnes faiblement diplômées ont également bénéficié de la reprise. On est à 4,7% d’emplois non pourvus en Belgique pour une moyenne européenne de 2,6%.
Crainte d'un effet domino
Est-ce que nous serons durablement indemnes de la crise ukrainienne, ou pas ? Pour l’instant on ne le sait pas, mais notre économie dont la caractéristique principale est d’être très ouverte et dépendante des marchés frontaliers doit craindre un effet domino.
Voilà ce que dit le rapport : la Russie ne représente que 1% de l’import/export belge, idem pour l’Ukraine. 1 556 entreprises belges exportent en Russie, 1 396 exportent en Ukraine… et 483 en Biélorussie.
L’exposition directe de la Belgique au conflit russo-ukrainien est donc limitée. Mais la Belgique pourrait être affectée de manière soudaine par des répercussions sur ses partenaires commerciaux européens. En gros si certains secteurs flanchent en France ou en Allemagne (deux pays qui contrairement à nous ont des intérêts importants en Russie), nous en recevrions, nous aussi, la bourrasque, sans aucun moyen d’agir puisque nous ne serions que des victimes collatérales. C’est inquiétant.
Un indice de confiance en chute libre
Là pour le coup, c’est vraiment la crise… L’indice de confiance des consommateurs, après une envolée en tout début d’année, vient de rechuter à son niveau d’avril 2020, au début de la crise COVID.
Ce qui pèse c’est avant tout le prix de l’énergie. Mais il faut nuancer ça aussi : comme la part de l’énergie dans le budget des ménages diffère selon les revenus, tous ne subissent pas la même inflation.
En effet, l’inflation ressentie par les ménages les plus modestes qui bénéficient du tarif social est moins importante que pour les actifs entre 25 et 50 ans. L’inflation ressentie est 9.1% pour les actifs alors que les bénéficiaires du tarif social ne la ressentent qu’à hauteur de 5.8%.