Routes de campagne: la périlleuse traversée en montagne des réfugiés
Pour cette cinquième étape des Routes de Campagne, nos envoyés spéciaux Pol Loncin et Brieuc Beckers s'intéressent à l'une des thématiques phares de la droite française: l'immigration.
À Briançon, dans les Hautes-Alpes, des dizaines de réfugiés tentent quotidiennement de franchir la frontière entre l'Italie et l'Hexagone. Sauf que pour éviter les contrôles renforcés à la douane, ceux-ci tentent la traversée par la montagne. Un périple extrêmement périlleux pour ces personnes souvent mal équipées et parfois complètement inexpérimentées en montagne. Plus de cinq personnes y ont déjà perdu la vie. Trois sont toujours portées disparues.
Comment le gouvernement Macron gère t-il cette situation? Pour le comprendre, nous nous sommes rendus en montagne avec Michel Rousseau, l'un des nombreux citoyens de la région qui sillonnent la montagne jour et nuit pour porter assistance à ces migrants qui tentent d'atteindre la France.
Des associations citoyennes très remontées contre le gouvernement actuel qu'ils accusent de "faire la guerre aux exilés" à travers une politique "barbare et inhumaine". Depuis le début de la crise des réfugiés, aux alentours de 2015, les effectifs policiers ont été multipliés par cinq dans la région de Briançon. Environ 250 gendarmes, militaires et policiers surveillent aujourd'hui les différents lieux de passage. Le budget total de la sécurisation de la frontière au niveau national est estimé à un demi milliard d'euros. Soit 85% du budget total alloué par le gouvernement aux matières liées à l'immigration.
Les bénévoles briançonnais ne sont d'ailleurs pas les seuls à critiquer l'action du gouvernement et du Président Macron. Le rapport d'une commission d'enquête parlementaire publié en novembre 2021, parle d'une approche policière qui "oublie la personne humaine", dénonce des "maltraitances d'État" et des "manquements systémiques". Un rapport écrit en partie par des députés de la majorité.
Au delà de l'aide en montagne, les citoyens briançonnais ont aussi mis en place un maillage associatif conséquent afin d'accueillir dignement les plus de 20.000 réfugiés ayant réussi la traversée ces dernières années. "On a été une bande de clampins à se saisir d'un problème parce que personne ne faisait rien. On n'a pas arrêté de demander de l'aide à l'État, mais on ne nous répond pas." explique Max Duez, coadministrateur des Refuges Solidaires. Cette association, qui tente d'offrir un hébergement digne aux réfugiés, occupe un bâtiment financé entièrement par des fonds privés. Jusqu'en 2020, la municipalité mettait à disposition un local communal, mais depuis le changement de majorité, le nouveau maire, David Murgia (affilié Les Républicains mais soutien du Président sortant dans le cadre de cette campagne), a mis fin à ce partenariat. "En quelques semaines, on a levé plus d'un million d'euros pour acheter ce lieu" se souvient Max Duez.
Plusieurs autres associations partagent ce "tiers-lieu" baptisé "Les Terrasses Solidaires". Médecins du Monde assure une permanence médicale, de quoi soigner les nombreuses entorses, gelures et cas d'hypothermie des suites de la traversée. Mais aussi assurer une prise en charge psychologique. D'autres collectifs se sont également constitués pour assurer un accueil de jour. C'est le cas d'"EKO !", une association qui promeut la solidarité internationale et le développement durable à travers l'organisation d'ateliers collaboratifs, mais aussi par l'accompagnement de ces réfugiés à l'insertion socio-professionnelle vers des métiers écologiques.
Malgré nos nombreuses demandes, le Ministère de l'intérieur (dont depend la police aux frontières) et la mairie de Briançon n'ont pas souhaité répondre à nos questions sur l'accueil des réfugiés dans le briançonnais.