Prolongation du nucléaire: le chemin de croix de la Vivaldi est en marche
C’est une note, donc une base sur laquelle négocier, et qui a déjà fait tiquer pas mal de partenaires en réunions intercabinets, notamment sur la technicité et la faisabilité du dossier. Cette note, on peut la résumer en 2 grands éléments.
Le cabinet de @TinneVdS affirme que la fuite concerne une note martyr. Pour un président de parti flamand : "Rien n'est encore fait, il y aura bcp de discussions sur les modalités. Ms c'est une base de principe pour atterrir demain." @LesNews24 #begov #kern #Energie #Belgique
— La Morté Romuald (@RomualdLM) March 17, 2022
On va, enfin, diront certains, étudier la faisabilité de la prolongation du nucléaire, c’est sur la table, même si c’était un secret de polichinelle depuis 15 jours. La Ministre l’assume dans sa note. « On va examiner cette possibilité ». On parle ici de prolonger 2 réacteurs, Doel 4 et Tihange 3, pour une durée de 10 ans, jusqu’au 31 décembre 2035. Mais en soi, dire cela c’est répéter, quasi, avec des nuances, les mêmes mots depuis 18 mois. « Rien de neuf sous le soleil » d’ailleurs pour un Vice-Premier, qui rappelle que cette hypothèse était déjà présente, dans l’accord de gouvernement et l’accord de décembre 2021. Du côté de la famille libérale, on maintient : « la sécurité d’approvisionnement est en jeu. Enfin, on nous écoute ! ».
Un chemin pour diminuer notre dépendance énergétique au énergies fossiles de 4% par an, dépendance très visible depuis la guerre en Ukraine, car pour avaler la couleuvre du nucléaire, les Verts ont besoin d’engranger des acquis, logique, c’est la base en politique. 8 milliards d’euros, en 3 ans, sont évoqués afin d’accélérer cette transition, de doper les investissements dans le renouvelable.
En vrac, sont mentionnés : une réduction de la TVA pour l’achat de panneaux solaires/pompes à chaleur/chaudières solaires, réduction des tarifs dans les transports en commun, équipement en panneaux solaires de tous les bâtiments publics fédéraux, comme la SNCB, d’ici fin décembre 2023, doubler la part du train en fret (2030) et en passagers (2040), un nouveau budget mobilité, la suppression progressive du chauffage central au gaz et mazout d’ici le 1er janvier 2026. En fonction de la « faisabilité et des couts. ». On prend des pincettes, encore et toujours.
Car oui, c’est un peu la marotte, et à juste titre, de pas mal de Ministres fédéraux. Concrètement, miser sur l’éolien offshore, en recherchant de nouvelles capacités en mer du Nord, permettrait, selon la Ministre Van Der Straeten, d’atteindre 8 GW de production d’électricité. On renforcerait également l’éolien terrestre en diminuant la durée des recours au Conseil d’Etat, recours qui retardent leur expansion. La Belgique mettrait également le paquet sur l’hydrogène vert en renforçant les réseaux de distribution, depuis les ports belges, Anvers et Zeebrugge, mais aussi en développant le secteur sur notre territoire. Enfin, la TVA intelligente, qui équivaut à une baisse permanente à 6% sur électricité et gaz en contrepartie d’accises sur la consommation, proposition non retenue lors de la négociation pour alléger la facture énergétique des ménages, est remise sur la table. Toutes ces propositions « sont bonnes pour le climat et pour réduire notre dépendance au gaz russe car la Belgique n’est pas une ile », glisse une source.
Il faudra attendre la négociation, dans un climat électrique, mais qui ne devrait pas exploser, de vendredi, en Kern, sur base des rapports Elia/CREG/G Energie, pour en être sûr. Car la Ministre entretient le flou. Elle s’engage à évaluer de la même manière, le plan A et B. Ce qui est juste respecter l’accord de gouvernement en fait. Et à « démarrer une discussion avec Engie », discussions qui officieusement ont déjà lieu. Mais l’Etat risque bien d’être à genoux devant ce grand groupe français. Qui se retrouve en position de force pour négocier. Alors, si on prolonge, le fera-t-on vraiment dans de bonnes conditions ? Et reste à savoir qui paiera in fine la facture de cette probable prolongation ? Les citoyens ou Engie ? Le CRM pourra-t-il être maintenu ou l’Europe nous tapera-t-elle sur les doigts ? Beaucoup de questions qui restent encore, pour l’instant, sans réponses. Et qui ne peuvent occulter le rôle de nos gouvernements, qui depuis 20 ans, n’ont rien fait, ou presque, pour préparer une issue, une sortie apaisée de ce dossier. Pour rappel, il y a encore quelques mois, Jean-Marc Nollet, co-président Ecolo, et Paul Magnette, président du PS, promettaient la main sur le cœur, que l’abandon du nucléaire était acté, Egbert Lachaert, président de l’Open VLD et proche depuis longtemps du Premier Ministre Alexander De Croo, parlait d’un « cadavre impossible à réanimer ». Mais la guerre en Ukraine a tout changé. Et a acté pas à pas la volte-face des partis, d’abord flamands, avant la courbe rentrante des Verts. Seule exception notable dans ce débat : le MR. Mais soyons de bon compte, qu’on valide le Plan A, le Plan B, les 2 en même temps, le chemin s’annonce encore semé de multiples embuches.
Romuald La Morté