21.02.22
18:16

Édition spéciale Ukraine-Russie: sommes-nous proches de la guerre ?

Sommes-nous proches de la guerre aux portes de l'Ukraine ? 

 

Avec la participation de: 

  • Tanguy De Wilde, professeur de Sciences politiques et de relations internationales à l'UCLouvain
  • Sébastien Gobert, responsable de l'actualité internationale à la Libre Belgique, ancien correspondant à Kiev
  • Serge Jaumain, professeur d'Histoire contemporaine à l'ULB et spécialiste des Etats-Unis
  • Jean-Pierre Martin, grand reporter et présentateur du Mag Inter
  • David O’Sullivan, ancien ambassadeur de l'UE à Washington 
  • Aude Merlin, maître de conférences à l'ULB et spécialiste de la Russie
  • Paul Gogo, correspondant de la Libre Belgique en Ukraine
  • Coline Maestracci doctorante au CEVIPOL, spécialiste de l'Ukraine, depuis la Russie
  • Jean De Gliniasty, ancien ambassadeur français en Russie

 

e

Poutine reconnaît l'indépendance des séparatistes prorusses en Ukraine

Le Kremlin a indiqué lundi soir que Vladimir Poutine allait reconnaître l'indépendance des territoires séparatistes prorusses de l'est de l'Ukraine.

"Un décret en ce sens sera signé sous peu", a indiqué la présidence russe. Selon la même source, M. Poutine a informé de cette décision son homologue français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz, médiateurs dans le conflit de l'est ukrainien, et ceux-ci ont, selon le Kremlin, "exprimé leur déception".

Le président russe doit en outre faire une déclaration sous peu à la télévision russe, ont indiqué lundi soir des médias d'Etat.

La reconnaissance concerne l'indépendance de deux territoires prorusses du Donbass ukrainien, bassin minier et industriel frontalier de la Russie: les "républiques" autoproclamées de Donetsk et Lougansk.

En huit ans, la guerre entre Kiev et les séparatistes, dont Moscou est le parrain, a fait plus de 14.000 morts.

Une reconnaissance russe des séparatistes vient court-circuiter le processus de paix issu des accords de Minsk de 2015, signé par la Russie et l'Ukraine, sous médiation franco-allemande, car il visait justement un retour sous souveraineté ukrainienne de ces zones.

Cette décision pourrait ouvrir la voie à un appel à l'aide à la Russie de la part de ces territoires en tant qu'Etats souverains aux yeux de la Russie et donc l'entrée de forces russes dans ces régions.

L'Occident accuse Moscou depuis des semaines de préparer une invasion de l'Ukraine, étant donné que des dizaines de milliers de soldats russes campent aux frontières ukrainiennes. 

 

"Menace sérieuse" 

Les tensions, qui n'ont cessé de croître ces derniers mois, s'aggravent depuis trois jours avec la multiplication des heurts dans l'est de l'Ukraine, où les forces de Kiev et des séparatistes prorusses s'affrontent depuis 2014. 

Dimanche soir, à l'issue d'entretiens téléphoniques menés par Emmanuel Macron, la présidence française avait pourtant annoncé espérer un prochain sommet réunissant Vladimir Poutine et joe Biden.

Mais le Kremlin a douché ces espoirs lundi, qualifiant de "prématurée" une telle rencontre.

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a néanmoins fait savoir qu'il allait voir son homologue américain Antony Blinken jeudi à Genève.

Le chancelier allemand Olaf Scholz devait pour sa part s'entretenir au téléphone avec le maître du Kremlin lundi.

En attendant, M. Poutine a de nouveau incriminé les pays occidentaux, leur rerochant d'"utiliser l'Ukraine comme instrument de confrontation avec notre pays", ce qui "représente une menace sérieuse, très grande pour nous".

De son côté, la Maison Blanche, qui juge une invasion de l'Ukraine imminente, a accusé la Russie de vouloir "écraser" le peuple ukrainien.

 

"La guerre, la vraie" 

Sur le terrain, dans l'est de l'Ukraine, les affrontements se poursuivaient lundi, Kiev faisant état de 14 bombardements des rebelles prorusses, dans lesquels un soldat a été blessé.

Les séparatistes accusent Kiev de préparer une offensive généralisée et ont décrété une mobilisation générale, alors que l'armée ukrainienne dit rester sur ses positions.

Les rebelles ont fait état de trois civils morts dans des bombardements ces dernières 24 heures et soutiennent que 21.000 personnes sont privées d'eau à cause de bombardements ukrainiens.

Ces assertions n'ont pas pu être vérifiées de manière indépendante et les Occidentaux affirment qu'elles font partie d'un scénario russe visant à tenter de justifier une intervention, Moscou n'ayant cessé de mettre en garde contre le "génocide" que Kiev serait en train d'orchestrer.

La Russie a assuré lundi qu'au moins 61.000 personnes avaient été "évacuées" des zones séparatistes vers son territoire.

"C'est la guerre, la vraie", estime Tatiana Nikoulina, 64 ans, qui fait partie de ces personnes acheminées de la région de Donetsk vers la ville russe de Taganrog. Depuis le début du conflit en 2014, "ils n'ont pas pu trouver de compromis et c'est pourquoi tout cela continue".

 

Menaces de sanctions 

Moscou et Kiev s'accusent d'être responsables de cette flambée de violences dans un conflit qui a fait plus de 14.000 morts depuis son déclenchement en 2014, dans la foulée de l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie.

Les Russes se défendent de tout projet d'invasion de l'Ukraine, mais ne donnent pas les raisons du déploiement de dizaines de milliers d'hommes, appuyés par des chars et autres lances-missiles. 

Le Kremlin réclame en revanche la fin de la politique d'élargissement de l'Otan et son retrait d'Europe de l'Est, des demandes rejetées par les Occidentaux.

Ces derniers ont menacé Moscou de sanctions dévastatrices en cas d'offensive contre l'Ukraine, des menaces balayées par la Russie.

Signe de l'inquiétude des marchés, l'indice principal de la Bourse de Moscou a terminé la journée sur un plongeon de plus de 13%.

Partager cet article