Maisons de repos Orpea en Belgique: un avis très préoccupant, des inspections remises en question
La Commission de l’emploi, de l’action sociale et de la santé a entendu la ministre wallonne de la Santé, Christie Morreale, ce mardi. Une audition centrée sur les inspections menées dans plusieurs maisons de repos Orpea en Belgique. Les premières conclusions sont favorables au groupe, mais tranchent avec les témoignages reçus. Au point de remettre en question l’efficacité des inspections “inopinées”.
Christie Morreale a été entendue à propos du premier rapport rendu par l'Agence wallonne pour une vie de qualité (Aviq) sur les maisons de repos Orpea, dans la tourmente après des révélations de maltraitance dans plusieurs établissements en France. Le groupe compte 18 établissements en Wallonie, ce qui représente 4210 lits maison de repos ou maison de repos et soins, 19 lits de court séjour et 142 logements en résidence-service.
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Douze inspections, un avis très préoccupant
Douze inspections ont déjà eu lieu depuis jeudi dernier. Les rapports complets des inspecteurs de l'Aviq sont en cours de rédaction, mais "l'Aviq m'a rendu un avis positif pour 8 institutions, un avis plus mitigé pour 2 et 1 avis très préoccupant pour une institution", a précisé Christie Morreale. Ces dernières feront l’objet d’inspections approfondies.
Les inspecteurs se sont basés sur un ensemble de critères pour évaluer la qualité d’accueil et d’hébergement des résidences inspectées, comme l'encadrement et les compétences du personnel, la négligence, le management, l'alimentation, le suivi médical ou encore les droits du patient.
Les premières conclusions de l'évaluation des structures wallonnes d'Orpea ne remettent pas en cause la gestion de la plupart des structures d'Orpea en Wallonie. Un point de vue corroboré par Respect Senior, l’Agence wallonne de lutte contre la maltraitance.
“Respect Senior m’a indiqué, sur base des plaintes reçues, que rien ne permettait d’affirmer une situation particulièrement problématique des résidents des établissements du Groupe Orpea (9 dossiers ouverts depuis 2012)”.
"Les faits sont extrêmement choquants"
Pour autant, la ministre n’entend pas relâcher la pression et émet même certaines réserves à propos de ces premiers résultats. “On voit qu’en France, un scandale est révélé et les faits sont extrêmement choquants. Il est normal que les pays qui comptent des maisons de repos du groupe investiguent automatiquement. Je crois qu’il ne faut pas être fin devin, de la part du groupe, pour penser qu’il va y avoir des inspections. Il est évident qu’il y a une vision biaisée (...) Il y a eu sans doute, le jeudi quand on a commencé les inspections, les éléments les plus intéressants. Et puis, au fur et à mesure, j’ai reçu des témoignages de familles de résidents, de résidents, de membres du personnel qui nous disent: on demande de remettre les choses en ordre. Ce sont des indications que je ne vais pas communiquer ici, mais qui font l’objet de points d’attention. Mais les informations qui me reviennent sont directement transmises à l’Aviq pour nous permettre d’avoir la vision la plus éclairée et fidèle possible de la situation sur le terrain”.
3,75 euros pour 3 repas
Parmi les témoignages recueillis auprès de travailleurs d’Orpea, le prix des repas interpelle. “Evidemment, quand on voit le prix, je suis extrêmement choquée. Comment est-ce qu’on peut nourrir quelqu’un en petit déjeuner, en dîner, en souper (...) pour 3,75 euros. À part affamer les gens et faire de la malbouffe profonde, je trouve que c’est une prouesse qui est totalement indigne. Comment pouvons-nous intervenir alors que l’argent de la Région wallonne sert à payer l’équipe de soin et les infrastructures? Les résidents, eux, paient les frais d'hôtellerie, et donc les repas. On doit trouver le chemin pour pouvoir proposer d’avoir des indicateurs de qualité”.
“Tous les faits qui sont et seront portés à notre connaissance feront l’objet d’un suivi par les services d’inspection de l’Aviq. Je fais d’ailleurs le point quotidiennement avec l’Aviq”.
Pour l’heure, aucun contact avec la direction n’a été entrepris. “La direction n'a pas pris contact avec moi. J'ai souhaité investiguer à travers l’Aviq, Respect Senior, les travailleurs de terrain. Une fois que nous serons plus loin dans les investigations, nous aurons un contact avec la direction”.
Loïc Struys