Covid-19: pourquoi il ne suffit pas d'ajouter des lits de soins intensifs
“Avec un meilleur financement des soins de santé, la situation sanitaire ne serait pas la même. Il aurait même été possible d’éviter les mesures restrictives !” - "Il suffit d'ajouter des lits de soins intensifs !". Cet argument circule depuis le début de la pandémie, mais est de plus en plus présent depuis quelques semaines. Alors est-ce vraiment le cas ? Peut-on rajouter des lits en soins intensifs ? Et la situation aurait elle été différente si nous avions mieux investi dans les soins de santé ?
Les soins intensifs, c’est LE curseur utilisé pour définir la nécessité de nouvelles mesures sanitaires. Plus on approche de la saturation, plus les mesures sont strictes. Alors pourquoi ne pas augmenter notre capacité pour agrandir notre marge de manœuvre ? Malheureusement, c’est aujourd’hui impossible.
D’ailleurs, ça ne servirait pas à grand-chose. Ce n’est pas possible car un lit de soins intensifs n’est pas qu’un élément matériel. Le personnel de santé nécessaire pour utiliser le matériel et surveiller le patient est essentiel. Or ce personnel est introuvable. Épuisés par la pandémie, dégoûtés par des conditions de travail toujours plus difficiles, des normes d’encadrement datées et une valorisation du métier qui se fait toujours attendre, les infirmiers spécialisés fuient la profession. Ca ne servirait pas à grand chose car en pleine crise, le nombre de patients admis en soins intensifs double en moins d'une semaine.
Autrement dit, même en doublant notre capacité actuelle, on ne gagnerait que quelques jours. On fait le point avec Jean-Michel Hougardy, directeur médical à l’hôpital Erasm; Jacques Creteur, directeur des soins intensifs de l’hôpital Erasme; Jérôme Tack, président de la fédération des infirmiers intensivistes et Sandy Tubeuf, économiste de la santé à l’UCLouvain.
Un décryptage signé Brieuc Beckers.
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