Les (mauvais) bouliers compteurs de la FGTB
L’accord interprofessionnel est en passe d’être rejeté à cause d’une erreur de comptage. Oui, ça se passe en Belgique, pays du surréalisme et de la dérision. Là où le plus grand syndicat du pays, la FGTB, se trompe dans le comptage des voix pour la validation de l’accord interprofessionnel, le fameux AIP, et risque ainsi de faire s’effondrer tout le château de cartes que les partenaires sociaux et le gouvernement fédéral ont mis des mois à ériger.
Les militants de la FGTB devaient voter sur l’AIP, c’était la semaine dernière, et pour rappel, cet accord intègre l’augmentation de la norme salariale, des dispositions sur les heures supplémentaires ou encore sur les prépensions, ils devaient donc voter et le vote a été très serré: 49,06% en faveur, 49,01% contre et 1,93% d’abstention.
Sur plus de 2 millions de votes exprimés, la différence est donc millimétrique. Le OUI à l’accord l’emportait donc, d’une courte tête, tout le monde sur le banc du gouvernement et des partenaires sociaux s’en est réjoui, ouf de soulagement, mais, coup de tonnerre, hier, quand il est apparu que le vote des cadets de l’interrégionale wallonne n’avait pas été pris en compte.
Visiblement à la FGTB, les bouliers compteurs ne tournent pas juste.
Les fameux cadets sont les jeunes militants de la FGTB. Ils sont environ 4000, et se sont massivement exprimés contre l’AIP Cela dit, leur vote est pondéré à la baisse, mais ça reste tout de même 1000 voix négatives supplémentaires à ajouter au compteur. Conclusion : le NON 0 l’accord devient majoritaire si la FGTB prend en compte ce vote des jeunes. Enfin, autre élément : les militants wallons de la FGTB ont rejeté l’accord à 80%, signe qu’ils sont donc beaucoup plus durs que leurs collègues flamands.
La FGTB va donc se réunir cet apres midi mais il apparaît difficile d’ignorer 4000 votes, elle va donc devoir changer sa position et rejeter l’accord AIP. Conséquence : à voir. Car les deux autres syndicats la CSC et CGSLB ont accepté l’accord, le feu vert de la FGTB n’est donc pas obligatoire pour valider l’accord. En revanche, c’est très délicat pour les socialistes au gouvernement fédéral.
Imaginez Pierre-Yves Dermagne, socialiste, ministre en charge de la concertation sociale, va devoir porter un accord et mettre en œuvre un accord que les militants socialistes rejettent massivement (rejet a 80% en Wallonie), alors oui un militant FGTB n’est pas forcément un militant PS, mais ça se recoupe quand même très largement.
Et puis il y a cette autre bombe sociale sous le siège du gouvernement. On apprend à la lecture de La Libre ce matin que le gouvernement De Croo, sous la pression des socialistes, s’apprête à supprimer la mesure zéro cotisation pour le premier emploi. Cette mesure avait été mise en place en 2016 par le gouvernement Michel et visait a exonérer complètement le premier emploi d’une entreprise de toute cotisation sociale.
Les 5 emplois suivants étant en partie exonérés, eux aussi. Cette mesure coûte très chers aux caisses de l’Etat, mais elle est vraiment appréciée par les patrons et les employeurs. On va donc vers un nouveau clash entre l’aile droite et l’aile gauche de la coalition Vivaldi à ce sujet. Les libéraux ont d’ores et déjà indiqué qu’ils ne voulaient pas qu’on touche à cette mesure… Ambiance !