L'UEFA, une organisation pas si apolitique
L'UEFA a défendu mercredi son refus de laisser le stade de Munich s'illuminer aux couleurs de la communauté LGBT pour recevoir la Hongrie, mais a paré sur Twitter son propre logo d'arc-en-ciel en réaffirmant son "engagement ferme" contre l'homophobie. L'UEFA avait refusé mardi à la ville de Munich d'illuminer son enceinte aux teintes de la communauté LGBT en signe de protestation contre la politique de la Hongrie sur les minorités sexuelles. Par cette décision, l'instance européenne a déchaîné les critiques et suscité un mouvement de solidarité, une controverse désignée par les Allemands comme le "Rainbow-gate" (rainbow pour arc-en-ciel en anglais).
— UEFA (@UEFA) June 23, 2021
Sous le feu des critiques depuis mardi, de la diplomatie allemande jusqu'à l'Elysée, l'instance européenne a assuré que sa décision n'était pas "politique", à la différence de la demande de Munich destinée à protester contre une loi hongroise récente jugée discriminatoire envers les homosexuels.
Débat dans les Visiteurs du soir avec Pascal Boniface, directeur de l'Iris, et Jean-Michel De Waele, sociologue du sport.
"Une décision politique"
Le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes Clément Beaune estime que ce refus de l'UEFA est une "décision politique", contrairement à ce que l'instance européenne du foot affirme. "L'UEFA s'est un peu pris les pieds dans le tapis parce qu'en fait sa décision de refus est aussi une décision politique", a-t-il déclaré mercredi matin sur la radio France Inter. "Défendre l'égalité, ce n'est pas attaquer telle ou telle loi du gouvernement hongrois, ce n'est pas une opinion politique", a poursuivi le responsable français, qui a lui-même fait son "coming out" en décembre 2020. "C'est des valeurs fondamentales qui sont dans les chartes sportives, dans les traités européens", a-t-il ajouté en rappelant que "l'UEFA s'engage régulièrement comme la Fifa pour des causes" telles que la lutte contre le racisme
L'UEFA a envoyé un "mauvais signal", a jugé de son côté le chef de la diplomatie allemande. "C'est vrai, le terrain de football n'a rien à voir avec la politique. Il s'agit de personnes, d'équité, de tolérance. C'est pourquoi l'UEFA envoie le mauvais signal", a jugé sur Twitter Heiko Maas.
Les stades hongrois aux couleurs nationales
Plusieurs clubs de football hongrois vont éclairer leur stade aux couleurs du drapeau national pendant le match de l'Euro Allemagne-Hongrie prévu mercredi soir à Munich. Gabor Kubatov, le président du plus grand club hongrois, Ferencvaros, a appelé à "colorer tous les stades en rouge-blanc-vert", dans un message publié mardi sur Facebook. Selon ce responsable, qui occupe également la vice-présidence du parti Fidesz de Viktor Orban, l'idée répond à une requête de leurs supporteurs ultras face aux "provocations" de Munich.
Parmi les autres clubs qui participent à cette initiative, figurent le MTK à Budapest ou encore Debrecen dans l'est du pays, tous deux liés à des politiciens du Fidesz. Une des annexes musicales de l'Opéra d'Etat de Budapest sera également éclairée.
Le ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjarto avait salué mardi "une bonne décision" de l'UEFA, qui a refusé de "participer à ce qui aurait été une provocation politique envers la Hongrie". Le Premier ministre souverainiste Viktor Orban, qui a promis l'instauration d'une "nouvelle ère" culturelle illibérale, a durci au fil des ans la législation contre les personnes lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres.
La semaine dernière, à quelques heures du coup d'envoi du premier match de l'Euro à Budapest, opposant la Hongrie au Portugal, le Parlement a adopté une loi interdisant la "promotion" de l'homosexualité auprès des mineurs.