09.02.21
13:20

Inceste: "La problématique, ce n’est pas la parole, c’est l’écoute"

"Inceste: une Belgique trop silencieuse?": c'était la question de La Matinale ce mardi, avec Astrid Bedoret, avocate, Jean-Claude Maes, psychologue et auteur du livre "Inceste, peut-on s’en remettre?" et Miriam Ben Jattou, juriste et fondatrice de l’association belge Femmes de droit.

L’inceste est un acte beaucoup plus présent qu’on ne l’imagine, mais peu dénoncé. Seulement 10% des victimes portent plainte, des chiffres qui ne sont d'ailleurs pas toujours officiels.

"Très peu de chiffres, car les plaintes portent sur les violences sexuelles et pas sur l’inceste à proprement parler".

Ce manque de dénonciation est causé par l’emprise familiale. Définie comme une "entité sociale qui doit paraître bien sous tous rapports" par Jean-Claude Maes. La peur de mettre sa famille à dos et ne pas être considéré, sont souvent les causes de ce silence. Ainsi, la victime préfère ne rien laisser paraître et ne rien dire.

"L’Inceste est une agression sexuelle comme une autre au niveau judiciaire, évidemment pas au niveau des victimes"

réagit Astrid Bedoret, avocate. "Les parents ne disposent pas du corps de leurs enfants", ajoute-t-elle.

 

La manipulation

De nombreux éléments empêchent les victimes de parler. Notamment, l’emprise de la famille qui peut être une des raisons les plus importantes. 

"Quand les victimes parlent, elles savent qu’elles ne seront pas crues, ainsi elles ne parlent pas" 

ajoute le psychologue.

"Ce n’est pas la parole, la problématique, c’est l’écoute" 

interpelle à nouveau Jean-Claude Maes.

 

Une formation

"Dans ma propre histoire, quasiment tous les adultes ont vu en moi, une petite fille très joviale, intelligente, chouette, qui va bien. Et il y en a une qui a remarqué qu’il y avait quelque chose d’autre, et qui était très probablement formée à ça, et qui m’a amenée à discuter. Il a fallu une relation de confiance importante, avec elle, qu’elle a construite pour que je puisse en parler, mais je pense que quand on est spécifiquement formé à cette question, on peut repérer relativement facilement une victime "

raconte Miriam Ben Jattou, en visioconférence. Victime d’inceste, elle a su trouver une oreille attentive.

Selon elle, sensibiliser les enseignants et former le centre PMS (les centres psycho-médico-sociaux) pourrait être une solution de dénonciation, mais la plupart du temps, aux yeux du système judiciaire l’enfant ment,

"Le dépistage de l’inceste, est un premier pas, mais pas du tout suffisant",

conclut Miriam.

Martin Buxant, rédacteur en chef chez LN24, rappelle qu’"en Belgique, l’inceste n’est pas inscrit en tant que tel dans le Code pénal. C’est une circonstance aggravante au viol ou à l’attentat à la pudeur", mais "on a plusieurs propositions de textes législatifs qui émanent de la part du CDH, de Defi, des partis d’opposition, mais qui pourraient être soutenus par un des partis de la majorité, comme le MR".

Il y a trois piliers aux textes déposés :

  1. La criminalisation de l’inceste à part entière avec une peine qui s’y adjoint en fonction de l’âge de la victime
     
  2. La présomption de l’absence de consentement concernant les enfants de moins de 18 ans
     
  3. L’imprescriptibilité.

 

LN24

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