Puigdemont: "Chaque jour, je me lève en me disant que c'est mon dernier jour en exil"
Carles Puigdemont était l’invité ce matin de Martin Buxant. L’indépendantiste catalan, en exil en Belgique depuis 2017, est menacé d’être extradé en Espagne, où il est poursuivi pour avoir déclaré la Catalogne indépendante.
Le politicien n’a pas exprimé de regrets d’avoir organisé un référendum sur l’indépendance de la Catalogne, mais il regrette l’absence de dialogue avec les autorités espagnoles. “À l’époque, nous avons ouvert une fenêtre de négociations avec les autorités espagnoles. Mais, elles ont refusé de suivre le chemin de négociations politiques pour résoudre cette crise. Elles ont préféré utiliser le code pénal, nous emprisonner, alors que nous essayions d’exprimer une volonté”.
Le Roi, héritier de Franco
Elu au Parlement européen, sous le coup d’un mandat d’arrêt européen et la menace d’une extradition - refusée pour le moment par la Belgique - dans son pays, Carles Puigdemont dénonce les détentions arbitraires réservées aux indépendantistes catalans. “Les Nations Unies ont rendu deux rapports contre l’Espagne disant que la détention des indépendantistes catalans était arbitraire, contraire aux droits de l’Homme. Ils n’ont pas eu de traitement équitable. En Espagne, la détention provisoire peut durer 4 ans.”
À ses yeux, l’Espagne “n’est pas le pays le plus exemplaire en terme de démocratie. La justice espagnole est l’héritière de la justice franquiste. Elle est contrôlée par la droite et l’ultra-droite, qui sont contraires à nos idées. Nous sommes déjà condamnés avant d’être jugés. Je suis ici grâce à l’Europe. C’est l’Europe qui protège nos droits et qui nous a permis d’être élus au Parlement européen, d’être libres et de pouvoir nous exprimer. Je lui fais confiance, au contraire de la démocratie espagnole. Je ne lui accorde aucune confiance. Prenez le Roi, il est l’héritier direct de Franco. C’est lui qui a désigné le chef de l’Etat espagnol. On n’a pas demandé aux Espagnols ce qu’ils préféraient comme modèle à la mort de Franco. C’est lui qui a nommé Juan Carlos. Lors du référendum, nous avons été victimes de violences, la police espagnole a brutalisé des gens âgés, des innocents, des pacifistes qui essayaient de voter. Le silence de l’Union Européenne, à l’époque, était assourdissant.”
Actuellement, neuf personnes de l’entourage politique de Carles Puigdemont sont emprisonnées et ont été condamnées à des peines allant de 11 à 13 années de prison. “Penser que l’Espagne allait agir de façon démocratique a été une erreur. Or, notre référendum n’est pas un cas de sédition, mais bien de liberté d’expression. J’espère pouvoir retourner un jour en Catalogne. Chaque jour, j’ai cet espoir, je me lève en me disant “c’est peut-être mon dernier jour en exil”. Je me sens Européen et protégé par l’Etat de droit européen. Cela me donne de l’espoir et la motivation à continuer à me battre.”
LN24