Et, déjà, il y a de l’eau dans le gaz
"L’équipe" avait été vantée, un peu comme un boy-scout, par Alexander De Croo, faite de nouvelles têtes prometteuses et où tout le monde s’entendrait à merveille. Cette image-là est déjà mise à rude épreuve après quelques semaines de gouvernement fédéral. La réalité a rattrapé la fiction Vivaldi qu’on a voulu nous vendre.
Plusieurs incidents ont en effet éclaté. L’un, particulièrement violent, a eu lieu en commission parlementaire de la Défense. Mercredi dernier, le député Denis Ducarme s’en est pris directement à la ministre de la Défense socialiste Ludivine Dedonder et à son chef de cabinet. Ce dernier a répliqué et le ton est monté à un point tel que – fait rarissime – la ministre socialiste s’est plainte auprès du Premier ministre Alexander De Croo. Denis Ducarme a ensuite écrit une lettre pour se plaindre de la faiblesse et de l’agressivité de l’équipe de la ministre de la Défense.
L’incident a eu lieu entre socialiste et libéraux, mais entre libéraux et écologistes, ce n’est pas l’amour fou non plus. L’ex-ministre de l’Energie Marie-Christine Marghem préside maintenant la très puissante commission des Finances du parlement. Elle siège aussi en commission de l’Energie et du Climat, et elle a déjà averti plusieurs fois qu’elle ne ferait aucun cadeau aux écologistes, dont elle déteste les positions politiques. Elle a bien l’intention de rendre la monnaie de sa pièce au parti de Jean-Marc Nollet qui a lui a mené la vie tellement dure quand elle était elle-même ministre. Dans son collimateur, surtout: la ministre du Climat, l’écologiste Zakia Kattabi.
Quand y en a plus, y en a encore: on a du PS contre MR, du MR contre Ecolo, et on a du MR contre MR. Didier Reynders a sorti la sulfateuse ce week-end contre son propre président de parti, dimanche chez notre collègue Pascal Vrebos sur RTL. Le commissaire européen a éreinté le choix de son président de parti Georges-Louis Bouchez d’avoir mis Mathieu Michel comme secrétaire d’Etat alors que celui-ci ne parle pas néerlandais. "C’est catastrophique", a martelé Reynders, si on veut pouvoir convaincre et s’adresser à tout le pays. "GLB doit davantage consulter avant de prendre des décisions." Or on sait que quand un parti est déstabilisé, c’est toute une coalition qui peut s’en trouver perturbée. Vous connaissez le proverbe : "gardez-moi des mes amis, mes ennemis je m’en charge." La coalition Vivaldi facilite le job de l’opposition N-VA et PTB qui n’a plus qu’à appuyer là ou ça fait mal. On va au devant de belles secousses, c’est certain…