Donald Trump n'a jamais été aussi proche de la destitution
Après plus de quinze heures de discussions mouvementées, la commission judiciaire de la Chambre des représentants a adopté deux chefs d'inculpation retenus par les démocrates contre le milliardaire : "abus de pouvoir" et "entrave à la bonne marche du Congrès". La Chambre devrait voter lors d'une séance plénière attendue mercredi.
Les chances pour le Président républicain d'être mis en accusation sont assez importantes au vu de la majorité démocrate dans cette enceinte. Pourtant, ce ne sera pas si simple de destituer Donald Trump étant donné que le Sénat, chargé de le juger, est contrôlé par les républicains.
"Il n'y a aucune chance que le président soit destitué"
Mitch McConnel, chef de la majorité républicaine au Sénat, a d'ailleurs affirmé : "Il n'y a aucune chance que le président soit destitué". Même s'il est acquitté, son renvoi en procès entachera le bilan de Donald Trump et ternira sa campagne de réélection, bien qu'il conserve un soutien massif auprès de sa base républicaine.
Comment cette procédure a-t-elle débuté ?
Les ennuis du milliardaire ont commencé quand un mystérieux lanceur d'alerte s'est alarmé de la teneur d'un échange téléphonique entre le président américain et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky. Dans cet appel du 25 juillet, le magnat de l'immobilier priait son interlocuteur d'enquêter sur de possibles ingérences ukrainiennes dans l'élection de 2016, reprenant à son compte une théorie en vue dans les milieux conspirationnistes.
Surtout, il lui demandait de "se pencher" sur le démocrate Joe Biden, bien placé pour l'affronter lors de la présidentielle de 2020, et les affaires de son fils Hunter en Ukraine. Or, une aide militaire cruciale pour Kiev, en conflit armé avec la Russie, avait été bloquée quelques jours avant cet appel, sans explication.
Démocrates et républicains tirent des conclusions bien différentes
Pour les premiers, Donald Trump a commis un "abus de pouvoir" pour s'assurer un avantage dans l'élection de 2020, mettant en jeu l'intégrité du scrutin et la sécurité des Etats-Unis. Les démocrates lui reprochent aussi d'avoir "entravé" le travail du Congrès en refusant de participer à leur enquête. Jugeant la procédure "inconstitutionnelle", la Maison Blanche a en effet interdit à des conseillers du président de témoigner ou de fournir des documents réclamés par la Chambre.
Donald Trump et ses partisans jurent de leur côté qu'il n'y a eu "aucune pression" exercée sur l'Ukraine et que les demandes d'enquête étaient légitimes pour lutter contre des soupçons de "corruption". Pour eux, la procédure de destitution est motivée par l'aversion des démocrates pour un président au style peu conventionnel, et par leur peur de perdre de nouveau contre lui en 2020.
Trump, le troisième président à vivre un procès en destitution
Avant lui, seuls deux présidents, Andrew Johnson en 1868 et Bill Clinton en 1998, ont vécu une telle épreuve. Mis en cause dans un scandale d'espionnage politique, dit du "Watergate", le républicain Richard Nixon avait démissionné en 1974 pour éviter cet "impeachment".
L'impact des débats sur l'opinion est incertain. Selon la moyenne des sondages, le peuple est divisé puisque 47,3% des Américains soutiennent une destitution de Donald Trump et 45,9% sont contre.
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